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Faut-il travailler dur pour réussir ?
(Spoiler : pas exactement.)
Dans cette newsletter je vous montre :
comment ne plus se sentir obligé de travailler dur constamment pour réussir
comment vider sa to-do tout en restant au top de ses objectifs
mon exemple en tant que chef d’entreprise
On est un soir d’hiver.
Je pousse enfin la porte de mon appartement après une très très longue journée de travail.
Je m’affale sur le canapé et me blottis dans les bras de mon amoureux qui est rentré depuis un moment.
Il me dit :
— Alors, raconte, t’as fait quoi aujourd’hui ?
Depuis quelque temps, à chaque fois qu’il me pose cette question je sens une angoisse monter en moi.
J’ai absolument pas envie de lui répondre.
Mes journées sont tellement difficiles que je ne veux surtout pas les revivre le soir.
De toute façon, j’en ai tellement plein la tête qu’en vrai, je ne sais même plus ce que j’ai fait de la journée.
Cela fait déjà 3 ans que je suis CEO de FEMPO et que je bosse comme une dingue : 80h par semaine c’est normal…
Nous sommes une vingtaine dans l’équipe. La marque grossit très vite.
J’ai pas pris de vacances depuis plus d’un an : à peine 5 jours où j’ai passé mon temps à checker mes e-mails...
On gagne vraiment bien notre vie mais l’entreprise est un sacré bazar. Je passe mon temps à faire le pompier. Je dois prendre un milliard de décisions par jour. Et souvent, je dois repasser derrière l’équipe.
J’ai l’impression d’être un jongleur d’assiettes chinoises sous pression.
Je me dis que si j’ose me relâcher, tout le travail que j’ai fait ces dernières années va s’effondrer.
Je finis par lui répondre :
— Oooh, on peut parler d’autre chose s’il te plait ? Toi c’était comment ta journée ?
Objectif initial = Liberté, Résultat final = Prison
Quelques semaines après cette conversation, le confinement est venu me sauver.
Du jour au lendemain, les usines sont fermées, les livraisons se font au ralenti, tout le monde est bloqué chez soi…
Les premiers temps, c’était extrêmement dur pour moi de ne plus pouvoir bosser “normalement” mais cette pause forcée a été absolument salvatrice.
Une vraie détox.
J’ai pu prendre de plus en plus de recul et j’ai vite compris que je ne pouvais plus continuer comme ça.
J’avais créé une entreprise pour être libre et je me retrouvais prisonnière de ma boîte.
J’étais au service de l’entreprise alors qu’à la base, je voulais créer une entreprise pour avoir la vie de mes rêves.
Et c’est comme ça que, pendant que d’autres apprenaient à faire du pain maison, moi j'apprenais à ne plus être esclave de mon entreprise.
J’ai passé le confinement à revoir toute l’organisation de ma boîte.
Et j’ai créé des systèmes pour mettre mon business au service de ma vie.
Ça m'a permis de supprimer 70% des meetings et des tâches urgentes pour me concentrer sur les tâches de longs termes et essentielles pour faire avancer mon business.
J’ai aussi pu augmenter fortement la rentabilité de FEMPO.
Alors, si vous êtes dans cette situation ou si vous voulez monter votre entreprise : comment ne pas en arriver là ?
À vrai dire, ce sont de simples erreurs de compréhension qui m’ont mené à ce surmenage.
Et pour avoir depuis accompagné +450 CEOs à monter et développer leur projet, je sais que la majorité d’entre nous font ces mêmes erreurs de jugement.
Se poser et prendre conscience de ses croyances :
En général, quand on est entrepreneur, on a une grosse capacité de travail et on aime travailler, avancer.
On est même parfois angoissé si on a l’impression qu’on ne travaille pas assez ou qu’on est pas assez productif.
À priori, c’est plutôt une qualité et d’ailleurs c’est souvent ce qui nous a permis d’obtenir des résultats au-dessus de la moyenne.
Forcément, quand on aime travailler plus que la moyenne, on s'investit plus que la moyenne et on devient plus fort que la moyenne et on a plus de résultats que la moyenne.
Sauf que, il arrive un moment où on se fait dépasser par son job. C’est lui qui prend le contrôle de notre vie, de notre temps.
À ce moment-là, on a peur de changer notre façon de faire car on a peur de ne plus avoir les mêmes résultats.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on est en fait arrivé à un plateau où si on travaille encore plus, ça va diminuer nos résultats et non plus les augmenter comme c’était le cas au départ.
Je suis sûre que si vous êtes dans cette situation, vous savez bien qu’une grosse partie de votre temps est “perdu” dans des tâches inutiles, qui n’apportent pas grand chose à votre entreprise.
Si vous voulez vider votre agenda tout en augmentant les performances de votre boîte, la première chose à faire est de changer de perspective.
Il est important de comprendre les croyances qui se cachent derrière cette attitude de travailler non stop.
Personnellement, j’ai toujours “bien travaillé”. À l’école, dans mes jobs, en bénévolat, … Et j’ai souvent eu de très bons résultats.
J’ai le profil bon élève, efficace, responsable. Au fur et à mesure, j’ai totalement assimilé ma valeur en tant que personne à mes résultats dans mon travail.
Quelque part, si j’arrête de produire, d’apporter de la valeur, de travailler, j’ai le sentiment de ne pas être valable.
Et puis, le fait d’aimer travailler, se fixer des objectifs, les atteindre voire les dépasser m’a souvent permis d’obtenir les résultats que je voulais, voire plus.
Et comme ça a fonctionné dans le passé, j’ai reproduit ce schéma quand mon entreprise a grossi. Je me disais, j’ai juste à mieux s’organiser, à travailler plus, j’ai juste besoin de plus de temps et ça va marcher…
On se retrouve dans un cercle vicieux, la tête dans le guidon, bien loin de la liberté qu’on désire en tant qu’entrepreneur.
Je pensais dur comme fer que je devais travailler encore plus dur pour continuer à réussir...
Et ça à l’air vrai. Quand on travaille 12 ou 15h h par jour, c’est bien la preuve qu’on se donne à fond non ?
On se dit que plus on travaille, plus le résultat sera bon. On se dit que les longues heures de taf sont le prix du succès.
Comme je suis forte pour résoudre les problèmes et que je me sens responsable de tout, je me suis retrouvée sous un rouleau compresseur à tout gérer.
Mais avec l’hypercroissance, mon entreprise est devenue trop grosse pour le modèle que j’avais construit. Trop grosse pour que je continue à tout porter seule.
Et si je n’avais pas fini par comprendre cela et tout réorganisé, cette hypercroissance aurait fini par m’achever.
Alors comment scaler au même titre que sa boîte ?
3 choses à comprendre :
1) Les deux jobs du CEO
Quand on monte sa boite, on est souvent seul ou très peu nombreux : 2 ou 3 cofondateurs.
On fait tout soi-même. Et c’est bien ce qu’il faut faire au départ. En tant que CEO, on doit comprendre tout le business et surtout les clients.
On doit comprendre à qui on vend, comment on vend et comment on livre le client.
On doit parfaitement maîtriser le besoin du client et proposer le bon produit pour y répondre.
C’est une fois qu’on a bien compris cela et que le marché répond à notre équation qu’on rencontre la croissance.
Et quand on grossit, l’erreur est de continuer à tout faire comme au début.
On reste sur nos vieux réflexes.
On devient le facteur limitant de la boite en plus de s'épuiser :
-> on ne sait pas déléguer de manière à ce que les choses soient faites exactement comme on veut
-> on ne sait pas recruter les bonnes personnes
-> on ne comprend pas qu’on doit changer de job dès que la traction arrive
Maintenant, c’est très clair pour moi :
Quand on est CEO, on a deux jobs successifs. Si on en loupe un, la boîte ira dans le mur.
→ Job numéro 1 > Construire une offre que les gens veulent :
Produit, service ; peu importe, on doit créer quelque chose qui répond à une vraie frustration de sa cible si on veut vendre facilement. J’en ai parlé d’ailleurs dans cette précédente newsletter.
Dans cette phase, on doit tout faire soi-même jusqu’à trouver la bonne formule : cible, besoin, process d’acquisition, de ventes et de livraison.
Une fois qu’on a validé la méthode de l’entreprise, on passe en phase 2.
→ Job numéro 2 > Construire une entreprise à notre service :
C'est-à-dire créer un outil qui va systématiser ce qu’on a compris en phase 1.
Pas devenir prisonnier d’un nouveau job.
Je parle de créer une machine bien huilée qui va travailler pour nous.
Pour que ça fonctionne, il faut absolument formaliser finement et étape par étape les méthodes de l’entreprise dans chaque domaine de la boîte : ventes, marketing, livraison, sav, gestion...
Il ne faut pas simplement recruter des gens “meilleur que nous” en espérant qu’ils atteignent les objectifs fixés.
Il faut leur demander de suivre le process défini.
Tout le monde dans la boîte doit suivre les process définis.
Une fois que l’équipe maîtrisent les méthodes de l’entreprise, elle pourra proposer des amélioration que vous intégrerez à la méthode de l’entreprise.
Car lorsque l’entreprise grossit, vous devez continuer de maîtriser les méthodes utilisées.
Vous devez continuer de maîtriser ce que vos équipes font de leurs journées.
2) Arrêter le mode pompier
Dans une entreprise, il y a toujours de nouveaux problèmes, mais il y a aussi beaucoup de problèmes qu’on a déjà vu.
Dès qu’un problème revient deux fois, il faut en faire un process pour le résoudre de façon systématique la prochaine fois.
Ce process peut-être automatisé ou on peut en déléguer la responsabilité à quelqu’un.
En adoptant cette façon de faire, les nouveaux problèmes vont se faire de plus en plus rare.
On est pas là pour réinventer la roue, juste pour la faire tourner plus vite…
Et c’est comme ça qu’on crée petit à petit sa machine.
3) Travailler sur vos objectifs
En phase 2, le job du CEO, c’est de créer sa machine, de la développer et surtout d’en profiter.
Pour ça, il faut avoir du temps libre.
Et je vous invite vraiment à regarder de très très près ce que vous faites de vos heures de travail.
Pour voir la réalité en face, j’ai personnellement audité toutes les tâches que je faisais pendant 2 semaines et je les ai classées en 3 catégories : supprimer, automatiser, déléguer.
Dans mes 80H / semaine, je me suis rendue compte que je passais la majorité de mon temps à faire autre chose que mon taf de CEO. Il y avait en fait beaucoup de choses que je pouvais supprimer, automatiser ou déléguer.
Et bien sûr, le temps que je passais sur des tâches chronophages mais pas rentables - bien souvent des demandes entrantes sans vrai intérêt - était du temps que je ne passais pas à développer mon business.
Je n’avais jamais le temps pour les tâches qui apportent le plus de valeur à ma boite :
Comment peut-on imaginer développer son business sans passer de temps à développer son entreprise ?
On est là pour créer de la valeur pas pour remplir son agenda.
Demandez-vous : quelles sont les tâches et activités qui comptent pour mon entreprise ? Comment de temps je passe là-dessus ? Quels sont les bouffeurs de temps à virer de votre vie ? Combien de temps je perds là-dessus ?
Depuis le confinement, j’ai totalement arrêté le mode pompier.
Je me fixe des objectifs annuels pour ma boite et tous les matins, j’ai 3 à 4h de deep work bloqués pour avancer dessus.
Depuis 5 ans, j’ai coupé toutes les notifications et alarmes. Je ne mets même plus de réveil le matin. J’ai juste gardé appel et sms, en mode vibreur bien sûr.
Il m’a suffit de dire à toute l’équipe de ne pas me déranger le matin. Ils ne pouvaient me téléphoner qu’en cas d’urgence ne pouvant pas attendre la fin de mon deep work.
J’ai eu un peu peur au début, de ne pas être dispo en cas de problème, mais au final, je n’ai jamais reçu d’appel…
En fait, comme FEMPO vend des culottes et ne fait pas d’opérations à cœur ouvert, 99% des problèmes pouvaient attendre l’après-midi pour être résolus.
En tant que CEO, c’est à vous de décider sur quoi vous voulez bosser.
Pas à votre boîte e-mail, pas à votre équipe.
Aujourd’hui, j’ai revendu FEMPO et je gère deux nouvelles entreprises. J’applique évidemment ces préceptes qui fonctionnent vraiment bien pour moi.
Je bosse 4h par jour tous les matins en mode deep work sur les tâches les plus importantes pour atteindre mes objectifs.
Le reste de la journée, je suis libre ! Libre de travailler ou non, j’ai le choix. Et j’ai le temps. De penser, de prendre du recul, de faire avancer ma boîte 🙂
PS. Quelles sont vos plus grandes frustrations du moment concernant votre projet ?
N’hésitez pas à répondre à cette question par email, je pourrais peut-être vous donner des conseils dans une prochaine newsletter.
À très vite,
Fanny 😎